Quimper : Bernard Poignant otage des Verts ?
L’arrivée en tête, hier soir, au premier tour des municipales, doit avoir un goût amer pour Bernard Poignant et tous ses colistiers de « Quimper : un nouveau souffle ».
La liste de la gauche rassemblée n’a réuni qu’un petit 35,9% des suffrages. Pas folichon, devant la liste UMP moribonde de Marcelle Ramonet (29,1%) et l’orange flétrie du Modem d’Isabelle Le Bal, « Quimper, nouvelles énergies » (11,6%). Le vrai gagnant est Daniel Le Bigot (Kemper, l’écologie à gauche) avec 16,8% des voix. Il a été longuement ovationné à la proclamation des résultats. Joli coup aussi pour la liste « Quimper à gauche toute » menée par Janine Carrasco (LCR) et les Alternatifs (6,5%).
Des luttes intestines
Tout cela mérite réflexion. Pour mieux comprendre ce pataquès, Penhars infos invite ses lecteurs à reprendre les articles parus depuis juin 2007 dans la rubrique « Politique ». La lutte pour l’investiture à droite entre Allain Le Roux et Marcelle Ramonet, le passage éclair de Jean-François Garrec, président de la CCI, la lutte pour la tête de liste à gauche entre Bernard Poignant et le « ticket » Armelle Huruguen – Marc Andro. Et, tout récemment, les exclusions à l’UMP et au PS.
Les primaires pour désigner la tête de liste chez les socialistes ont finalement été favorables à Bernard Poignant. Ce ne fut pas facile, malgré le soutien vibrionnant du nouveau député PS, Jean-Jacques Urvoas. Il reste encore un an à Bernard Poignant pour finir son deuxième mandat de député européen. Son bilan à Bruxelles est excellent. Mais son retour à Quimper, au poste de maire est du « déjà vu ». On veut des nouvelles têtes.
Pas facile pour Poignant
Ce qui expliquerait en partie son score raplapla de hier soir. Score qu’il n’a jamais évoqué dans ses interventions médiatiques. Il a insisté sur les « 60% de la gauche à Quimper », tirant à lui la couverture.
Oui, le ralliement des Verts au second tour est prévu de longue date. Mais la gauche rassemblée, PS, PC, UDB, Kemper 2012, PRG et Démocrates du centre gauche, n’avait jamais pensé que Daniel Le Bigot ferait un tel score. « Un Vert ça va », deux à la rigueur mais pas quinze ou seize, avec plusieurs postes d’adjoints. On va complètement chambouler une liste si savamment élaborée. Qui va devoir sortir ? Bernard Poignant n’aura plus la majorité absolue. Il peut devenir « l’otage » des Verts. Au grand dam des autres partis de la gauche dite « rassemblée ». Il se pourrait même que des électeurs ayant voté Poignant au premier tour soient réticents à voter Poignant-Le Bigot au deuxième tour.
Deux grosses défaites
Pour le deuxième fois en moins d’un an, Marcelle Ramonet est battue aux élections. Largement. Législatives et premier tour des municipales. Avec le maintien de la liste Modem d’Isabelle Le Bal au second tour, elle n’a aucune chance. A chaque fois, son score est anormalement bas. Il lui manque une partie des voix de sa « famille » politique. Où sont-elles allées, ces voix ? Au PS ? Bof ! Au Modem ? Un peu, sans doute, mais bof ! quand même, quand on voit le score étriqué d’Isabelle Le Bal. Il ne reste que chez les Verts. Tiens donc. « On » casse Marcelle dont on ne veut plus entendre parler et en même temps on enquiquine Bernard Poignant qui est débordé par ses amis « écolos ». Coup double.
André Guénégan
Que peut faire « Quimper en avant toute » pour limiter la casse au second tour ? Pas grand chose, sans doute. Est ce que la mandataire, Marcelle Ramonet, accepte de changer la tête de liste et mettre en avant André Guénégan (nouveau centre) ? Ouais, ça pourrait rassembler davantage la droite et ça pourrait faciliter quelques accords avec le MoDem. Un peu tard.
Quant aux résultats de dimanche prochain,il faut se rappeler qu’aux municipales de 1995 Bernard Poignant était largement en tête le soir du premier tour et qu’au final, il n’avait gagné qu’avec 25 voix d’avance.