Sri Lanka : l’appel de Mathieu
Mathieu (à droite) et son père,Kathiresu.
«Ce qui se passe au Sri Lanka est épouvantable », s’indigne Mathieu. « Des enfants et des civils sont massacrés et la communauté internationale ne fait rien ! ».
La colère de Mathieu est profonde, d’autant plus forte qu’il voit bien qu’autour de lui et en France et dans le monde, peu de gens sont vraiment au courant de la guerre ethnique qui oppose les Cingalais, majoritaires, aux Tamouls depuis 1983. Officiellement, les forces gouvernementales sri-lankaises combattent les Tigres de libération de l’Eelam tamoul, indépendantistes.
Un génocide
« Mais maintenant, c’est un vrai génocide contre le peuple tamoul. Ce que je souhaite avant tout, c’est l’arrêt des combats ». Une paix qui ne pourra se faire sans une forte pression des politiques du monde entier.
Mathieu a 23 ans. Il est né en France et habite Kermoysan avec ses parents qui ont dû quitter le Sri Lanka en 1984. Le premier homme politique qu’il a alerté sur la guerre civile « là-bas » était André Angot, député du Finistère. En 1996 ! Il avait onze ou douze ans. Depuis, il n’a cessé de contacter députés et sénateurs. Et conserve les réponses de différents ministres des affaires étrangères.
Bernard Kouchner
« Ce ne sont que des déclarations », dit-il en présentant la dernière réponse, celle de Bernard Kouchner. Elle est datée du 15 octobre 2008. « Depuis plusieurs semaines, les combats se sont intensifiés dans le nord de l’île et des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir leur maison. Les agences des Nations Unies et les organisations internationales ont elles-mêmes évacué ces zones à la demande du gouvernement de Colombo. La France, au titre de la Présidence du Conseil de l’Union européenne, s’est émue de cette situation et a publié une déclaration officielle appelant les parties au conflit à respecter le principe fondamental du droit international humanitaire et rappelant que, face aux déplacements massifs de population, il était nécessaire de préserver un accès humanitaire à ces populations… ».
Population prise au piège
Il n’y a pas de couloirs humanitaires. Aujourd’hui, on estime à 200 000 les civils pris au piège dans la dernière zone tenue par les Tigres, au nord-est de l’île. Ils manquent d’eau, de nourriture et de soins. " La faute, dit Mathieu, est souvent rejetée sur les Tigres. Mais les Tamouls sortant de la zone sont souvent persécutés par des membres de l'armée régulière. Des photos sur internet le montrent. C'est une vraie chasse aux sorcières qui cherche à éliminer toutes les menaces futures en tuant femmes et enfants hors zone contrôlée par les Tigres ".
Les ministres des affaires étrangères des 27 pays de l’Union européenne ont appelé vendredi à un « cessez-le-feu immédiat » pour permettre aux civils de quitter la zone des combats et de recevoir de l’aide humanitaire… " Les Tamouls, conclut Mathieu, ont le droit de vivre. Il est inadmissible que le monde ferme les yeux pour rester politiquement correct ".
Pour contacter Mathieu mathieu.cithi@live.fr