La minute poétique de Penhars Infos
Et la mer et l’amour ont l’amer pour partage,
Et la mer est amère, et l’amour est amer,
L’on s’abîme en l’amour aussi bien qu’en la mer,
Car la mer et l’amour ne sont point sans orage.Celui qui craint les eaux qu’il demeure au rivage,
Celui qui craint les maux qu’on souffre pour aimer,
Qu’il ne se laisse pas à l’amour enflammer,
Et tous deux ils seront sans hasard de naufrage.La mère de l’amour eut la mer pour berceau,
Le feu sort de l’amour, sa mère sort de l’eau,
Mais l’eau contre ce feu ne peut fournir des armes.Si l’eau pouvait éteindre un brasier amoureux,
Ton amour qui me brûle est si fort douloureux,
Que j’eusse éteint son feu de la mer de mes larmes.
Voici un sonnet de Pierre de Marbeuf (1596-1645). Parfois on l'intitule " À Philis ". Mais l'auteur ne lui avait pas donné de titre.
Le poète jongle avec les mots, les idées et les sons. Un vrai petit bijou qui fait oublier son âge (il est paru en 1628 !). On peut ne pas être d'accord avec ce qui est dit mais c'est joliment écrit.