« Chat va, mais c’est dur »
Une demi douzaine de chats vivent encore dans les caves de la tour d'Anjou.
Grosse galère pour les chats de la tour d’Anjou depuis la mise en branle de sa démolition. Penhars infos a rencontré Timinet, le porte parole de la communauté.
- Timinet, vous semblez fatigué, et en colère.
- Y’a de quoi, non ? Nous, on chasse la nuit et on dort le jour. A cause de la machine infernale, ici c’est Sarajevo. Des blocs de béton tombent toute la journée, de tous côtés. C’est dangereux. On est les dindons de la démolition urbaine !
- Que voulez-vous dire ?
- Ben oui quoi. Les 40 familles qui occupaient les appartements au – dessus de notre chatterie ont toutes été relogées soit sur le quartier soit ailleurs. On leur a demandé leur avis et elles ont pu choisir. Nous, rien du tout. Personne ne s’est soucié de nous. On est fait comme des rats.
- « On », ça fait combien ?
- Jusqu’au début de la semaine, on était bien une quinzaine. Faut dire qu’on avait accueilli les copains de Picardie qui s’étaient retrouvés à la rue quand on a rasé leur immeuble. Maintenant, on est six ou sept.
- Où sont les autres ?
- Partis, je ne sais où, effrayés. Ou alors, crise cardiaque, peut-être écrasés sous les plaques… On n’est pas les seules victimes. Il y a aussi les pigeons qui avaient colonisé les derniers étages. Un escadron. Les grands volent mais les œufs sont condamnés sur les balcons.
- Timinet, vous pensez rester longtemps ?
- Je n’en sais rien. Sûrement pas longtemps puisque la tour diminue à vue d’œil. Dans un mois, ce sera tabula rasa ! Pour le moment, je reste à cause du portage des repas à domicile. Y a une « Damacha » qui vient nous servir tous les soirs, depuis deux ans. Je ne sais pas son nom, puisqu’elle ne veut pas le dire. On sait seulement que sur Quimper, elle a 20 rendez-vous quotidiens avec les chats sauvages. Ah, où est l’époque où on nous avait mis au lait ! avec un peu de couscous. C’est dur maintenant mais chat va. Si je dis ça, c’est pour garder le moral.