Problèmes de la Poste à Quimper : la lettre ouverte de Piero Rainero au directeur départemental de la Poste
Piero Rainero, conseiller municipal et communautaire à Quimper a fait parvenir à la presse locale le courrier qu'il a adressé au directeur départemental de la Poste
Monsieur le Directeur,
De nombreux habitants de Quimper ont attiré mon attention sur la dégradation de la distribution du courrier dont ils sont victimes depuis la fin octobre:
- abonnés à des quotidiens qu’ils reçoivent de façon très irrégulière avec des retards de 4,5, 6 jours et plus, certains journaux ne leur étant même pas parvenus.
- usagers ayant posté à Quimper pour Quimper, au tarif « rapide », des courriers remis à leurs destinataires parfois au bout de ...10 jours voire non encore distribués à ce jour, j’ai des témoignages de personnes attendant des plis qui leur ont été postés dans notre ville les 28 et 29 octobre dernier.
Les conséquences de cette détérioration du service public postal qui devrait être le cœur de métier de la Poste peuvent être graves, s'agissant par exemple de courriers médicaux et administratifs divers, de paiements par chèques de factures, de lettres d'embauche pour des salariés à la recherche d'emploi remis avec retard à leurs destinataires voire pas du tout.
La non-distribution en temps et en heure de quotidiens menace aussi l’existence même de journaux qui contribuent au débat d’opinion et au pluralisme indispensable à notre démocratie.
Voilà déjà plusieurs semaines, Monsieur le Directeur, que cette situation perdure sans que rien n'ait encore été fait pour la corriger.
Et cela malgré les signalements et les interpellations multiples des usagers de la Poste qui peinent à se faire entendre de vous.
Car le 36 31, numéro auquel la Poste renvoie ses usagers mécontents pour effectuer leurs réclamations, relève du gadget, je l'ai moi-même, comme d'autres, vérifié.
Dès juin, les salariés de votre entreprise, dont je tiens à saluer la compétence et l’engagement au service des usagers, et leurs syndicats avaient alerté sur les dysfonctionnements que cette réorganisation ou plutôt désorganisation de la distribution du courrier décidée d’en haut sans concertation allait provoquer, d’autant qu’elle se met en place dans un contexte de diminution drastique des moyens humains affectés au courrier.
Déjà avant cette nouvelle dégradation les courriers distribués à J+1 ou J+2 étaient devenus l’exception, mais ces jours-ci à Quimper certains arrivent à J+10 ou même pas du tout.
Vous vous félicitez d’un taux élevé de satisfaction des usagers concernant la distribution du courrier.
Cette affirmation est démentie par les faits.
D’autant que le recul de la qualité du service s’accompagne d’une augmentation incessante des tarifs postaux.
Le coût du timbre pour une lettre dite prioritaire a doublé en 10 ans, et une nouvelle hausse des tarifs s’annonce pour le 1er janvier prochain.
Et cela s’ajoute à la disparition de nos bureaux de poste : Ergué-Gabéric, Pluguffan, Quimper St Mathieu..., aux fermetures sporadiques des bureaux de proximité dans les quartiers, comme à Kermoysan et Penhars.
Ce n'est pas tolérable.
La distribution du courrier se doit de répondre à des normes de qualité élevées, dignes d'un service public moderne, c'est une question d'efficacité et de respect à l'égard des usagers.
Le service public postal est important pour le lien social, l’égalité territoriale, la vitalité économique.
Il ne doit pas être sacrifié à des objectifs financiers.
D’autant que la Poste affiche près de 800 millions d’euros de bénéfices en 2018 et a touché pour cette année 350 millions d’euros au titre du CICE.
Il importe par conséquent que des mesures soient prises dans la plus grande urgence en concertation avec les personnels qui connaissent bien le terrain pour que la distribution du courrier réponde aux attentes des usagers. Ils paient pour cela.
Dans l’attente de votre réponse, veuillez agréer, Monsieur le Directeur, l'expression de ma considération distinguée.
Piero Rainero